Jean-Paul Hébrard est un artiste peintre jouant avec les codes de la représentation dans un langage explicite qui lui est propre. Il utilise un vocabulaire formel et symbolique pour créer l’expression de territoires et d’espaces composés, qui parlent du rapport de l’homme à son environnement à travers notamment des représentations de nature et d’architecture. La vision formulée utilise la peinture à la fois dans sa vision classique de fenêtre, mais aussi pour sa capacité d’abstraction. Battant en brèche toute séparation théorique.
Les tableaux de Jean-Paul sont généreux et fournis en détails. Ils sont l’expression d’espaces, d’architectures et d’éléments de nature qui composent des paysages imaginaires. Ces espaces peuvent être utopiques, abstraits, brutalistes, agricoles ou même archéologiques. Ils dessinent toujours une composition non ordonnée d’espaces et de temps mêlés. Cet ensemble fragmentaire d’horizons non perspectifs offre une vision qui tient du symbole et se joue de la perspective. Cette forme de glyphie possède pourtant une profondeur crée par des jeux d’entrelacement de masses colorées, de formes et d’icônes qui passent au premier, second, arrière plan. La narration produite par le signe se fait espace mental de projection.
Les méthodes de représentation utilisées fournissent un vocabulaire éclectique qui permet à l’artiste d’obtenir différentes expressions. Les formes colorées créent des compositions abstraites et dynamiques. Elles assoient la composition du tableau dans un équilibre choisi, souvent précaire, qui induit le mouvement. C’est celui de l’homme qui façonne, celui de l’espace de représentation et de perception, évoluant sans cesse. Les icônes et graphismes viennent alors habiter les espaces en donnant l’impression d’îles autonomes, auto-portées, architectures de papier expressives. Les lignes noires sont des topographies superposées, des fer à béton soutenant l’ensemble. Les compositions détaillées en graphisme enrichissent les formes, leur donnant soudainement la valeur d’un pli temporel d’une extrême densité. Ces espaces archéologiques sont comme les parties d’une de ces îles utopiques précédemment décrites, qui révèleraient leur structure interne et leur matérialité. Donnant à l’utopie une tangibilité.
Les langages pictogrammes utilisés sont ceux d’une modernité sans cesse dépassée. Les tableaux sont construits sur une trame régulière de carrés qui n’est pas sans rappeler les grilles de recherches archéologiques aussi bien que les carreaux de Jean-Pierre Raynaud ou d’Archizoom quadrillant la nature. Pourtant le peintre, intuitif et naturel, laisse s’échapper les formes, les couleurs et les graphismes au sein de cet espace normé. Ces symboles empruntés aux arts graphiques et au design sont alors les repères de l’espace qui se tord et s’anime, matérialisant un champ, une église, un arbre, une ville, ou bien une forme dessinant un espace plan. Ce sont autant de marques de l’homme qui construisent alors sur l’espace normé de la toile, une vision composée de notre réalité emprunte de liberté et d’expressivité.